Après deux semaines de négociations sur le climat à Durban (Afrique du Sud), les 190 pays participants se sont mis d’accord pour un pacte sur le climat. Même si ce sommet s’est déroulé dans une indifférence quasi générale, il était essentiel de terminer sur un accord, la crise climatique s’intensifiant chaque jour.
En effet, il y a tout juste deux ans s’est déroulé le sommet de Copenhague, où les plus grandes puissances étaient réunies pour parler de la crise climatique, véritable enjeu du XXIème siècle. Hélas, ce sommet si attendu n’a produit quasiment rien. L’Europe divisée n’a rien pu faire face aux géants américains et chinois.
Il convient alors de regarder les enjeux des négociations de Durban, de faire le bilan de cette conférence et enfin réfléchir à “l’après Durban”.
Les enjeux
L'objectif est de limiter le réchauffement climatique et de limiter l’augmentation de température à deux degrés Celsius par rapport aux températures du XIXe siècle. Au delà d’une augmentation supérieure à 2 degrés, les scientifiques nous préviennent que nous nous exposons à de graves perturbations du climat et de graves conséquences sur la terre contre lesquelles il ne sera plus possible de lutter (pour en savoir plus, lisez notre article Catastrophes naturelles en série: le réchauffement climatique en cause). En effet, si rien ne change, nous sommes en route pour une augmentation de 3 à 6 degrés. Ajouter six degrés en moyenne, en fonction de latitudes, c’est en ajouter dix ou vingt degrés selon les pays. Ceci impliquera l’augmentation du niveau des océans de plusieurs mètres, des populations déplacées par des catastrophes climatiques dans des proportions imprévisibles, sans oublier une menace pour la sécurité alimentaire pour des millions de personnes. Bref, laissons les futures générations s’en occuper, notre triple A est en plus mauvaise santé que notre planète.
Le protocole de Kyoto s’arrêtant normalement d’ici la fin de l’année, l’un des enjeux de ces négociations est de le prolonger. Cet accord, pour être vraiment efficace, doit impliquer les principales économies mondiales à diviser par deux leurs émissions de gaz à effets de serre d'ici à 2050. L’Europe a fait le premier pas en voulant appliquer ce prolongement si la communauté internationale s'attelle dans le même temps à un nouvel accord, juridiquement contraignant.
Cependant, la lutte contre le réchauffement climatique requiert des efforts financiers, autre thème abordé lors des négociations à Durban. Déjà, l'Union européenne a tenu ses promesses et a versé plus de 4,6 milliards d'euros depuis 2010 pour financer la lutte contre le changement climatique dans les pays en développement. Lors de la présidence française du G20, l’instauration d’une taxe sur les transactions financières était l’une des priorités. La conférence de Durban va-t-elle permettre de trouver de nouvelles alternatives ?
L’heure du bilan
Les 190 pays se sont mis d’accord sur une feuille de route à suivre, tous ensemble, afin de discuter d’un accord en 2015, qui devrait entrer en vigueur d’ici 2020. Les termes de l’accord sont vagues ("un protocole, un autre instrument légal ou une solution concertée ayant une force légale") afin de répondre aux vives contestations de l’Inde. D’ici là, le protocole de Kyoto sera prolongé. On rappelle que les États-Unis n’ont toujours pas ratifié ce traité, donc aucune contrainte de leur côté.
Les négociations n’ont pas pu répondre à la question d’un pacte climatique, trop contraignant pour les pays voulant se développer tout en polluant de plus en plus. Et l'accord ne s'accompagne pas non plus d'une hausse du niveau des promesses des pays pour réduire leurs émissions de gaz à effet de serre, qui sont actuellement insuffisantes pour contenir le réchauffement climatique sous le seuil des 2°C.
Le bilan de ces négociations est donc assez décevant, un “strict minimum” pourrait-on dire. Pour l’ONG Oxfam, on laisse "le monde se diriger comme un somnambule vers un réchauffement de 4°C".
Sébastien Blavier du Réseau Action Climat (RAC-F) ajoute : « Au petit matin, quelques pays dont l’Europe, l’Inde, la Chine et les Etats-Unis ont bâclé, sur un coin de table, la formulation juridique d’un accord mondial engageant tous les pays. Les artisans de ce résultat atterrant sont bien connus. En tête de file, les Etats-Unis ont déployé toute leur énergie à bloquer le processus » […] « Ils ont réussi à obtenir des portes de sortie et à rendre le processus inopérant et non contraignant »
Les négociations ont cependant permis la mise en place d’un Fonds Vert qui permettra aux Pays en Développement de faire face au changement climatique. Reste la question du financement de ce fonds. Pendant les négociations de Copenhague, il avait été décidé que les pays industrialisés verseraient 100 milliards de dollars par an à ce fonds, qu’en est-il aujourd’hui ?
L'après Durban
Après les négociations de Durban, on voit bien que la crise économique actuelle ne doit pas masquer l’engagement de réductions de nos émissions de gaz à effet de serre. De plus, une politique maîtrisée de lutte contre les changements climatiques, d'adaptation des territoires et de transition pour nos villes et nos économies peut être créatrice d'emplois et porteuse d'une nouvelle prospérité.
Il est aussi essentiel de faire le choix d’une justice environnementale : refuser que la fracture écologique soit source de nouvelle misères et de nouveaux conflits, par exemple en offrant une véritable protection aux réfugiés climatiques. Cette justice climatique doit être au cœur de ce changement de civilisation, être moteur d’une nouvelle justice sociale, qui ne doit pas faire peser aux plus démunis la nécessaire mutation énergétique.
Concernant le financement, on peut également penser à l'instauration d'un prix du carbone sur les émissions du transport maritime et aérien international ou encore le développement des marchés carbone, comme le font ou l'envisagent la Chine, l'Inde, ou l'Australie. C'est aussi en remettant la finance à sa place que nous pourrons dégager les marges de manœuvre nécessaire à un futur soutenable.
Les négociations ont cependant permis la mise en place d’un Fonds Vert qui permettra aux Pays en Développement de faire face au changement climatique. Reste la question du financement de ce fonds. Pendant les négociations de Copenhague, il avait été décidé que les pays industrialisés verseraient 100 milliards de dollars par an à ce fonds, qu’en est-il aujourd’hui ?
L'après Durban
Après les négociations de Durban, on voit bien que la crise économique actuelle ne doit pas masquer l’engagement de réductions de nos émissions de gaz à effet de serre. De plus, une politique maîtrisée de lutte contre les changements climatiques, d'adaptation des territoires et de transition pour nos villes et nos économies peut être créatrice d'emplois et porteuse d'une nouvelle prospérité.
Il est aussi essentiel de faire le choix d’une justice environnementale : refuser que la fracture écologique soit source de nouvelle misères et de nouveaux conflits, par exemple en offrant une véritable protection aux réfugiés climatiques. Cette justice climatique doit être au cœur de ce changement de civilisation, être moteur d’une nouvelle justice sociale, qui ne doit pas faire peser aux plus démunis la nécessaire mutation énergétique.
Concernant le financement, on peut également penser à l'instauration d'un prix du carbone sur les émissions du transport maritime et aérien international ou encore le développement des marchés carbone, comme le font ou l'envisagent la Chine, l'Inde, ou l'Australie. C'est aussi en remettant la finance à sa place que nous pourrons dégager les marges de manœuvre nécessaire à un futur soutenable.
Ce n’est pas uniquement par de légères modifications du système financier que nous parviendrons à résoudre cette crise globale mais pourquoi pas en proposant par un multilatéralisme refondé, une véritable solidarité planétaire entre les Etats et entre les générations. Telle est la seule voie pour un monde nouveau, le courage est de la prendre dès maintenant. La planète ne peut plus attendre. Le prochain grand rendez-vous de la diplomatie climat aura lieu au Qatar, le plus grand émetteur de CO2 par habitant au monde.
Sources : Lemonde, Libération, Europe1, Noventic, Metrofrance, meteofrance
2 commentaires:
Très bon article, jusqu'à la conclusion: "un multilatéralisme refondé, une véritable solidarité planétaire"? Et Miss France maître du monde?
oui soyons fous ! C'est beau de rêver x)
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