L'association Agir pour l'Environnement a publié un rapport fort intéressant sur les freins au développement de la voiture électrique. Voici une petite sélection des arguments.
La voiture électrique fait l'objet de toutes les attentions mais soulève également un grand nombre de questions. Questions auxquelles il est indispensable d'apporter des réponses argumentées et objectives afin que cette option de mobilité ne soit pas une énième fausse-bonne solution qui ne ferait qu'entretenir l'illusion d'une mobilité durable, sans y parvenir réellement.
La voiture électrique, « zéro émission » ?
En optant pour le slogan « Zéro Emission » comme support de communication de la voiture électrique, Renault s'est attiré les foudres des écologistes et de certaines associations de consommateurs britanniques. A tel point que l'autorité de régulation de la publicité anglaise a interdit au constructeur hexagonal d'utiliser une notion jugée abusive.
La voiture électrique est-elle sans émission de gaz à effet de serre ?
Si la réponse était positive, la motorisation électrique acquerrait un avantage écologique certain. Mais à y regarder de plus prêt, il existe un certain nombre de données qui mettent à bas une communication induisant manifestement le consommateur en erreur. (...)
Si la réponse était positive, la motorisation électrique acquerrait un avantage écologique certain. Mais à y regarder de plus prêt, il existe un certain nombre de données qui mettent à bas une communication induisant manifestement le consommateur en erreur. (...)
L'Agence de l'Environnement et de la Maîtrise de l'Énergie a considéré qu'en calculant et comparant les émissions globales des véhicules thermiques et électriques, du « puits à la roue », fabrication et fonctionnement, la différence n'était pas significative. Alors que le bilan carbone d'un véhicule thermique s'établissait à 161 grammes de CO2 par kilomètre parcouru en 2008, le véhicule électrique rejetait 126 g/CO2 par km. Stupeur pour un modèle qui présuppose que le bilan carbone d'un véhicule « Zéro émission » soit... de 0 gramme de CO2. (...)
Selon Jean-Jacques Cornaert, auteur d'un ouvrage sur l'Avenir de l'automobile, la fabrication d'une automobile représente environ 14% des émissions globales du véhicule. Si le véhicule électrique, du fait de sa faible autonomie (voir infra) est une seconde voiture à usage exclusivement urbain, ces 14% d'émission de CO2 sont à ajouter aux émissions liées à la fabrication de la première voiture. En matière de véhicule électrique, nous n'assistons pas à une substitution mais une addition d'émissions de gaz à effet de serre.
Mais le calcul des émissions ne s'arrête pas là. En fonction de l'heure à laquelle le conducteur rechargera son véhicule électrique, le mix énergétique permettant de produire un kWh électrique sera plus ou moins carboné. Or, toujours selon l'Ademe, « dès lors que la recharge des véhicules est réalisée à partir d’un mix électrique moyennement émetteur de CO2, le bilan carbone du kWh s'établit à environ 400 g/kWh, ce qui fait écrire à l'Ademe que le bilan du véhicule électrique en émissions de CO2 /km est proche des voitures de classe B actuellement (126 g CO2/km du « puits à la roue», contre 161 g/km pour la moyenne des ventes en 2008). Selon le ministère de l’Ecologie, le parc automobile hexagonal serait passé, en moins de deux ans de 149 g/CO2 à 130 g/CO2 ! L’avantage climatique de la voiture électrique peut dès lors être légitimement questionné.
Alors que l'Union européenne a adopté au deuxième semestre 2008 un règlement imposant aux constructeurs européens une baisse moyenne des émissions de C02 s'établissant à 130 g/CO2 en 2015, il est à noter que l'avantage écologique prêté à la voiture électrique est largement surfait et ne peut décemment justifier une notion telle que « Zéro émission ».
La voiture électrique à la pointe ?
Mais il y a pire ! Le bilan carbone de la voiture électrique repose sur un mix énergétique moyen, postulant de fait que la recharge des véhicules électriques aurait lieu de façon uniforme tout au long du jour et de la nuit. Or, à l'instar du chauffage électrique, le véhicule électrique risque d'être chargé aux heures où nous assistons aux pointes de consommation électrique particulièrement carbonées. Ces pics de consommation sont très émetteurs de CO2 car le nucléaire, technologie à risque est également très peu flexible. Le nucléaire assure une production électrique de base là où la demande pour recharger l'automobile électrique risque d'être spécifiquement une demande de pointe.
Dans le cadre du groupe de travail sur la pointe électrique, ERDF, filiale d'EDF, a ainsi produit une note datée du 23 novembre 2009 dans laquelle est explicitement écrit que « pour 2 millions de véhicules, l'appel de puissance peut dépasser 10% de la puissance de pointe nationale, tandis que la consommation d'électricité sera de l'ordre de 1% du total. ».
Le véhicule électrique risque d'entraîner un accroissement de la pointe électrique. Selon une note interne d'RTE et de l'Ademe, le bilan carbone en période de pointe du kWh supplémentaire consommé peut atteindre 600 à 900 grammes de CO2 !
Il est donc à craindre que le bilan carbone de la voiture électrique soit relativement voisin de celui d'une voiture thermique, d'autant qu'à la suite de la crise de 2008, les constructeurs automobiles ont fortement baissé les émissions de C02 de véhicules commercialisés.
Sans évoquer le coût induit par cet accroissement significatif de la pointe électrique, il est à noter que le Réseau de Transport de l'Electricité sera sans doute, dans les années à venir, confronté à une saturation du réseau électrique. La voiture électrique engendre collatéralement une externalité négative dans le sens où la collectivité nationale sera appelée à financer les infrastructures de transport de l'électricité nécessaire aux fonctionnements et à la recharge de milliers d'automobiles électriques.
La voiture électrique, une nouvel automobile ?
A l’instar du chauffage électrique, la voiture électrique a vocation à justifier un programme électronucléaire surdimensionné depuis de nombreuses années et ainsi écouler la surproduction chronique d’électricité. Paradoxalement, en optant pour un véhicule écoulant une partie du surplus d’électricité radioactive, la voiture électrique se transforme en moyen de transport générant tout à la fois des émissions de CO2 (dues aux recharges de la batterie en période de pointe) et des déchets radioactifs (dues aux recharges de la batterie avec l’électricité produite en base).
Le véhicule électrique a été présenté comme un véhicule propre. Il est à la fois climaticide et radioactive ! (...)
Face aux crises climatiques, énergétiques et écologiques, face à l'urgence de la situation, notre responsabilité est de ne pas se fourvoyer ou se complaire dans la défense de fausse-bonne solution qui, même si elle rencontrait un succès inespéré, ne règlerait en rien le double problème climato-énergétique. (...) La voiture électrique et autres voitures dits propres relève plus d'une opération de blanchiment écologique et procède une fois encore d'une stratégie marketing à mille lieues des véritables enjeux qui passent par une autre mobilité, un urbanisme et un système de transport repensé en profondeur.
« Moins loin, moins vite, moins souvent », tel devrait être la logique prévalant à l'avenir en matière de mobilité. Le ministre de l'Ecologie affirmait doctement durant le Grenelle de l'environnement que nous étions à la veille d'un « changement de paradigme » en matière de transport. L'association Agir pour l'Environnement constate que ce changement de paradigme reste pour le moins à mettre en œuvre.
> Voir le rapport complet :
www.agirpourlenvironnement.org/pdf/RapportVoitureElectrique.doc
> Un site humouristique à découvrir : www.renault-ze.fr/
www.agirpourlenvironnement.org/pdf/RapportVoitureElectrique.doc
> Un site humouristique à découvrir : www.renault-ze.fr/
[Source: nucleaire-nonmerci.net]
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