Ressource encore insoupçonnée il y a quelques mois, le gaz de schiste soulève aujourd'hui la polémique. Il s'agit en effet d'une ressource telle qu'il en manque tant à la France, si dépendante de ses fournisseurs de gaz et de pétrole (russe notamment). A la différence du gaz naturel classique, le gaz de schiste ne se situe pas dans une poche mais se trouve pris au piège dans des roches peu perméables. Pour l'exploiter, il faut donc forer à deux ou trois kilomètres de profondeur et fracturer la roche en injectant d'énormes quantités d'eau, de sable et de produits chimiques.
Faut-il alors condamner le gaz de schiste ?
A première vue, l'exploitation du gaz de schiste serait une aubaine pour la France d'un point de vue économique. En vérité, les conséquences environnementales seraient si importantes qu'un tel projet est inenvisageable.
Le pré-rapport sur le gaz de schiste demandé en février par le gouvernement est favorable à des travaux de recherche et des tests d'exploration car cette ressource représente une réelle opportunité économique. Le texte avait été commandé par la ministre de l'Ecologie et son collègue de l'Industrie afin d'évaluer les enjeux économiques, sociaux et environnementaux des huiles et gaz de schiste. En effet, L'intérêt marqué par des grands groupes énergétiques nord-américains spécialistes de ce genre d'exploitation et les investissements qu'ils prévoient en France attestent de l'ampleur du potentiel, affirment les auteurs.
Les experts pensent donc que "se priver de ces réserves, qui pourraient représenter cent ans d’importations françaises, sans même avoir étudié sérieusement le sujet, c’est une pure folie !" [Le Nouvel Obs].
D'après le rapport, il suffirait d’établir un cahier des charges extrêmement rigoureux, des contraintes drastiques sur le retraitement de l’eau, sur l’environnement, et se laisser le temps de décider.
Pour remplacer le gaz de schiste, Anne Lacouture invoque les techniques employées pour libérer l'hydrocarbure emprisonné dans la roche, l'injection à très forte pression d'eau mélangée à des produits chimiques, le risque de pollution des nappes, le saccage des paysages et de l'environnement par une industrie grande consommatrice d'espace, la mise en péril d'économies reposant, comme dans l'Aveyron, sur une agriculture de qualité et sur le tourisme.
Néanmoins, il existe un risque d'expertise faussée concernant l'évaluation de l'impact environnemental des gaz de schiste: les ministères de l'Ecologie et de l'Energie ont mandaté le même organisme pour mener cette expertise que celui qui a validé les permis de recherche!
De plus, la technique d'extraction s'avère non seulement extrêmement dangereuse pour l'environnement, risquant de contaminer les nappes phréatiques et de détruire la biodiversité, mais contribue également au réchauffement climatique. Cependant, il est permis de douter que le Corps des Mines qui a validé les permis d'exploration des gaz de schiste remettra en cause son propre avis en déclarant les techniques d'exploration et d'extraction dommageables pour l'environnement.
A l'évidence, l'extraction du gaz de schiste est dangereuse pour l'environnement et pour la santé humaine, ce qui est une raison suffisante pour l'interdire. De plus les dépenses liées à la dépollution des sites et potentiels aux frais médicaux des personnes contaminées risqueraient de contrebalancer les profits crées par cette activité.
[Sources : Un rapport gouvernemental favorable à l'exploitation du gaz de schiste, le Nouvel Obs, 21/04/2011 - L'express, Les opposants au gaz de schiste se mobilisent, 16/04/2011}]
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